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La vivacité d’esprit est une des choses les plus séduisantes qui soient. Compte rendu d’un lecteur qui a succombé au charme de Jane Austen.
Titre | Orgueil et préjugés
Auteur | Jane Austen
Genre | Roman d’amour, Roman de mœurs
Pays | Royaume-Uni
Année de parution | 1813
Nombre de pages | 384
💈 (TLPL) « Trop long, pas lu »
- Sauter le bla bla et se rendre directement au verdict final
- Lire le roman
Orgueil et préjugés : pouvoir de séduction
Je vais l’avouer sans détour. J’ai longtemps hésité à lire Orgueil et préjugés.
Dans la vie, je fuis comme la peste toute discussion qui ressemble de près ou de loin à du commérage. L’attachement à un rang me déprime aussi au plus haut point.
J’étais donc réticent à lire une histoire qui me semblait baigner dans ces eaux-là. Faut dire que tout ce que je savais du roman, c’était qu’il racontait une histoire d’amour dans l’Angleterre des aristocrates.
Mais c’est assez difficile d’ignorer le chef-d’œuvre de Jane Austen : pièces de théâtre, films, bandes dessinées… l’œuvre est en deuxième position de la liste des romans les plus aimés du Royaume-Uni. C’est un des plus grands romans classiques anglais de tous les temps.
C’est l’un des titres de romans les plus connus au monde! Orgueil et préjugés est partout.
Tellement partout… qu’il était déjà dans ma bibliothèque.
Un soir, j’ai décidé de tenter ma chance. J’ai découvert une plume intelligente, amusante, drôle. L’œuvre d’une femme libre. En avance sur son temps de plusieurs centaines d’années.
Bien sûr, il s’agit d’une des histoires d’amour les plus célèbres de tous les temps. L’œuvre fait d’ailleurs partie de toutes les compilations des meilleurs romans d’amour qui se respectent.
Car le roman n’est pas qu’un roman d’amour, c’est aussi une critique sociale et probablement l’une des premières pierres de la littérature féministe.
Résumé
(Un résumé qui n’en dévoile pas trop!)
Nous sommes au début du 19e siècle à Longbourn, village rural situé à 80 kilomètres de Londres. C’est là qu’habitent les Bennet.
Le père Bennet est un homme bon, rationnel, mais peu fortuné. Sa femme, Mrs Bennet, a une personnalité plus difficile. Elle est sujette à des crises de panique lorsque les choses ne se passent pas comme elle veut et n’a qu’une idée en tête : marier ses filles, ce qui assurera leur avenir financier.
Car ils ont ensemble cinq filles, aux caractères forts différents.
- Jane, l’aînée de la famille
- Elizabeth, l’héroïne du roman
- Lydia et Kitty, plutôt frivoles
- Mary, à l’attitude moralisatrice (elle s’exprime en paraboles, ce qui agace tout le monde)
Charles Bingley, un riche célibataire (j’insiste : riche et célibataire) s’est récemment installé dans une propriété voisine. La mère Bennet est sur le cas.
Lors d’un bal, Bingley s’intéresse immédiatement à la fille aînée de Bennet, Jane, qui en est ravie.
La rencontre entre un ami de Bingley, Darcy, et notre Elizabeth, se passe moins bien. Darcy est rempli des préjugés contre l’infériorité sociale des Bennet, alors qu’Elisabeth est répugnée par le snobisme de Darcy.
On en reste là.
Entre en scène un certain Collins, personnage assez beige merci, mais qui est l’unique héritier du père Bennet, qui a eu le malheur de n’avoir que des filles.
Le Collins en question se pointe donc avec la ferme intention de marier une des Bennet. Comme l’aînée est prise, il demande cavalièrement la main d’Elizabeth, qui le remet à sa place, au grand dam de toute la famille.
Le pauvre Collins finira avec Charlotte, une amie d’Elizabeth.
Jusque-là tout le monde suit?
Au fil du roman, on verra donc se développer les relations entre Bingley et Jane, Collins et Charlotte, mais surtout, entre Elizabeth et Darcy qui se recroisent ici et là.
Car si l’aversion d’Elizabeth pour Darcy ne semble qu’augmenter, Darcy, lui, s’attache de plus en plus à Elizabeth, impressionné par son intelligence et sa force de caractère. Il perd peu à peu ses moyens…
Comme dans toute bonne histoire d’amour, Darcy et Elizabeth devront surmonter plusieurs obstacles, à la fois personnels ou imposés par les règles de la société dans laquelle ils évoluent.
C’est l’aspect central du roman, qui questionne la nature de l’amour face aux distorsions causées par les constructions sociales.
Personnages
Plusieurs personnages viennent ajouter leur grain de sel ou côtoyer les protagonistes.
Dans le Longbourn de Jane Austen, les familles sont grandes, presque tout le monde a un quelconque titre et les liens familiaux sont très importants. Austen a créé une espèce d’arbre généalogique, un organigramme de l’amour impressionnant.
Relation entre les personnages d’Orgueil et préjugés
Tout ce beau monde est un petit microcosme, et pour cause.
On se souvient qu’à l’époque, les déplacements se font en calèche, right? Il n’y a pas trop d’intérêt à courtiser quelqu’un qui est éloigné géographiquement.
« Trois jours de route pour une petite marche romantique en forêt??? » Non merci.
Les personnages sont toujours le voisin de l’un ou le cousin de l’autre. Lorsqu’on s’habitue à l’abondance de noms et prénoms dans le livre, cela devient plutôt amusant de voir défiler ces hommes et ces femmes de bonne famille.
Et Jane Austen prend un malin plaisir à décrire tout ce beau monde sous leur moins bon jour.
Sur le pauvre cousin Collins :
« [Un homme ] dépourvu d’intelligence, et ni l’éducation ni l’expérience ne l’avaient aidé à combler cette lacune de la nature. »
Sur Lady Lucas :
« Une très bonne personne à qui ses facultés moyennes permettaient de voisiner agréablement avec Mrs. Bennet. »
Ouch!
Thèmes
Le thème qui unifie tous les autres est la différence entre l’homme et la femme au début du 19e siècle.
Dans l’Angleterre des aristocrates, la femme n’a aucun droit légal, pas vraiment la possibilité de se choisir un métier, et dépend d’un futur époux pour assurer sa survivance. Son rôle est prédéfini, sa liberté de choix, inexistante.
Jane Austen nous raconte cette réalité à travers différents aspects de la vie d’une femme.
L’importance du milieu sur le caractère d’une personne
Pour Austen, l’environnement et l’éducation reçue ont un impact crucial sur le développement du caractère d’un individu. Le roman nous présente les attentes de la société face aux femmes.
L’argent
Pour les jeunes femmes des classes moyennes, supérieures et aristocratiques, le mariage avec un homme disposant d’un bon revenu était presque la seule façon d’assurer leur sécurité financière.
On sait comment l’argent peut influencer certains choix de vie et bien eux, ça dirige carrément leurs amours.
Plus que ça, dans le cas de la famille Bennet, c’est un cousin (Collins) qui va hériter du patrimoine familial au décès de M. Bennet, car un héritage ne peut se transmettre à une femme. C’était dans la loi anglaise, jusqu’en 1925!
On comprend alors mieux l’impact des décisions maritales sur l’ensemble d’une famille.
Le mariage
Jane Austen nous présente, selon elle, les différents types de mariages possibles. Le coup de foudre, le mariage fonctionnel et le mariage heureux. Ce mariage est fondé sur l’estime, le respect mutuel et l’affection. La question de fortune ou de titre est présente, mais passe au second rang.
À travers Elizabeth, Jane Austen livre un message lumineux. Elle suggère que le bonheur à deux passe par l’intelligence du cœur et par notre capacité à travailler sur les aspects difficiles de notre personnalité.
L’histoire d’amour en est aussi une d’humilité.
Style
Austen utilise abondamment la parodie et l’ironie, qui se retrouve dans sa façon de décrire les scènes ou les comportements.
Sa plume fait aussi un joli pied de nez aux conventions romanesques de l’époque, en ce qui a attrait aux romans d’amour. Elle se moque des clichés à l’eau de rose : la passion dévorante, les exploits du héros, la fragilité de l’héroïne… l’amour entre Darcy et Elizabeth est ancré dans la réalité.
Il y a très peu de description de lieu dans le livre. La précision Jane Austen est dans la chronologie des événements et les réflexions personnelles des personnages plutôt que dans la création physique de lieux.
Virginia Wolfe, en préface de mon édition de poche, résume le tout :
« Elle avait toutes sortes de procédés pour éviter les scènes passionnées. […] Elle décrit une belle nuit sans faire une seule fois allusion à la lune. »
Jane Austen utilise aussi une technique d’écriture, le « discours indirect libre », pour prendre la voix d’un personnage sans s’éloigner de la narration à la troisième personne. Au lieu d’ajouter « il pensait » ou « elle se disait que », les sentiments d’un personnage sont transmis comme s’il parlait lui-même, mais en restant à la troisième personne.
Cette technique rend la lecture fluide et nous permet de croire que l’autrice est assez d’accord avec les réflexions de ses protagonistes.
Extraits
Un bel exemple de l’ironie dont fait preuve Jane Austen :
❝Quand il n’y avait rien de mieux à faire, une promenade à Meryton occupait leur matinée et fournissait un sujet de conversation pour la soirée.❞
La satire, qui n’est jamais bien loin dans le roman. Ici avec notre palpitant M. Collins :
❝Après avoir tenu ses visiteurs assez longtemps pour leur faire admirer en détail le mobilier, depuis le bahut jusqu’au garde-feu, et entendre le récit de leur voyage, Mr. Collins les emmena faire le tour du jardin. Mr. Collins les conduisit dans toutes les allées et leur montra tous les points de vue avec une minutie qui en faisait oublier le pittoresque. Mais de toutes les vues que son jardin, la contrée et même le royaume pouvaient offrir, aucune n’était comparable à celle du manoir de Rosings qu’une rouée dans les arbres du parc permettait d’apercevoir presque en face du presbytère.❞
Critique
La profondeur du descriptif de cette relation naissante entre Darcy et Elizabeth est remarquable. Complexe, touchante, tout en rebondissements, elle nous présente la transformation personnelle que nous pouvons vivre à certains moments importants d’une vie.
Jane Austen a dépeint son monde avec une précision et un œil satirique très agréable. Les traits d’esprit et les petites pointes sont faits avec classe et doigté, mais touchent dans le mille.
Elle a placé au centre de l’œuvre un personnage si bien conçu que le lecteur ne peut qu’être happé par son histoire et souhaiter un dénouement heureux.
Et c’est ce qui se produit. On tombe littéralement en amour avec Élizabeth. En tout cas, moi j’étais amoureux.
Le roman se lit facilement. Les dialogues peuvent être assez 19e siècle, mais je n’ai jamais senti de lourdeur ou d’ennui.
Jane Austen semble avoir assez de distance, d’intelligence et d’humour pour nous raconter une réalité difficile avec une certaine légèreté, sans jamais tomber dans la plainte.
Si quelqu’un a la volonté de découvrir ses classiques, il ne peut pas passer à côté d’Orgueil et préjugés.
➤ Note et verdict
(TLPL)
« Explique-moi Orgueil et préjugés comme si j’avais cinq ans »
C’est l’histoire d’une jeune femme qui va (peut-être) se marier. C’est drôle.
Note d’appréciation perso : ★★★★
Note goodreads (+ de 3MM de votes) : ★★★★1/4
Orgueil et préjugés apparaît sur la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps selon le Cercle norvégien du livre.
Vous aimerez si :
- Vous voulez vivre la plus célèbre histoire d’amour de la littérature
- Vous aimez l’ironie, l’humour pince-sans-rire
- Vous voulez découvrir la réalité des femmes au début du 19e siècle
Vous n’aimerez pas si :
- Vous n’aimez absolument pas les livres qui parlent des questions du cœur
- Tout ce qui se passe avant 1990 ne vous intéresse pas
- Vous voulez une histoire avec de longues descriptions de paysages
Lire Orgueil et préjugés
Grand format
🇫🇷 La Fnac (FR)
Format poche
🇫🇷 La Fnac (FR)
Livre audio
Disponible sur Audible dans une narration d’Évelyne Lecucq
Bande dessinée
🇫🇷 La Fnac (FR)
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Crédit photo de couverture : British Library sur Unsplash
Richard dit
Je suis encore empreint de la vie chez les Bennet ! C’est drôle, magnifiquement écrit et complètement moderne. C’est fou comme l’être humain se retrouve toujours au prise avec son orgueil et ses préjugés quelque soit l’époque.
J’ai adoré!
Merci club classique