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Figure majeure de la poésie et de la littérature du 20e siècle, Federico García Lorca est un poète espagnol qui a revisité différentes formes classiques.
Nationalité | Espagne
Langue d’écriture | espagnol
Naissance et décès | 1898–1936
On commence par | Poésies II (inclus Romancero Gitan)
Notes de lecture
J’ai découvert Federico García Lorca au début de la vingtaine, en écoutant l’album double The Essential Leonard Cohen. Parmi les pièces qui couvraient toute la carrière de Cohen, une en particulier semblait sortir du lot. Le texte était étonnant, étrange :
And I'll dance with you in Vienna I'll be wearing a river's disguise (Et je danserai avec toi à Vienne, Je porterai un masque de rivière)
« …Un masque de quoi?!? »
Quand j’ai appris que la chanson Take This Waltz était un hommage au poète favori de Leonard Cohen, j’ai fait mes recherches… La chanson est en effet une adaptation d’un poème de Lorca, La petite valse viennoise.
A Vienne il y a dix jolies femmes. Il y a une épaule où la mort va gémir. Il y a un promenoir avec neuf cents fenêtres. Il y a un arbre où les colombes vont mourir. Il y a un morceau déchiré du matin, qui pend dans la Galerie du Gel – Take This Waltz, Leonard Cohen (traduction de Jean Guiloineau)
C’est toujours intrigant de découvrir les artistes favoris de nos artistes favoris. C’est d’ailleurs, selon moi, le meilleur moyen d’entamer une aventure littéraire et de faire des découvertes.
Je me suis donc procuré les deux premiers tomes des œuvres complètes de Lorca en français.
(Mon espagnol n’est pas super. Ceci dit, j’ai fait des voyages dans le sud en faisant pas mal de millage sur « cuanto cuesta una cerveza », mais ça, c’est une autre histoire. Toujours est-il que je ne pourrais pas apprécier le travail de Lorca dans sa langue natale.)
Est-ce vraiment possible de donner un équivalent à ce que les experts considèrent comme : « un des langages poétiques les plus riches, les plus rares et les plus surprenants qu’on ait jamais pu lire »?
Probablement pas. Ceci dit, Lorca en français, c’est quand même quelque chose d’unique.
On dit parfois que la poésie, c’est mettre deux choses qui ne vont pas ensemble et voir ce qui se produit. Lorca c’est exactement ça :
Laisse-moi passer la porte Où Ève mange des fourmis Et Adam féconde des poissons éblouis
Quand même!
Donc j’avais parcouru les deux premiers tomes des Œuvres complètes de Lorca au début de la vingtaine et pour être franc, j’avais passé un bon moment, mais je ne me rappelle pas avoir été touché.
La pétulance de l’écriture était une musique agréable, mais ne s’imprégnait pas en moi. J’avais l’air, mais pas la chanson.
Je redécouvre aujourd’hui le travail de Lorca avec un regard différent. Je découvre un poète qui arrive à dresser un portrait social d’une grande richesse. Je relis chaque poème doucement et semble voir apparaître une scène concrète.
Comme si je connaissais maintenant le code.
On n’est pas du tout face à un auteur qui ne fait que du « je-me-moi ». Lorca arrive à décrire le monde qui l’entoure, célèbre le quotidien et la réalité de ses semblables. On sent l’aspect terrible de l’existence, la violence de nos rapports et le mystère qui recouvre nos vies.
N’est-ce pas la marque des grandes œuvres, lorsqu’il est possible d’y revenir une deuxième fois et d’en faire une nouvelle lecture?
Biographie
Federico García Lorca est né en 1898, dans une petite ville près de Grenade. Il a grandi dans une famille aisée. Il développe très tôt une réflexion sur l’injustice.
Il est frappé par le fossé qui se dresse entre ceux qui vivent dans l’opulence et ceux dont la vie est minée par la pauvreté.
C’est sa mère qui l’initie à la poésie. Il fait la lecture des œuvres littéraires des grands écrivains comme Cervantès ou Victor Hugo et monte des petits spectacles de marionnettes qu’il présente à sa famille.
Après des études secondaires ralenties par la maladie, il fait des études de lettres et de droit à l’Université de Grenade, puis à celle de Madrid. C’est là qu’il fera la rencontre de Salvador Dalí et de Luis Buñuel, deux artistes qui auront un impact considérable sur sa démarche.
Il sera fortement impliqué dans le mouvement d’avant-garde et publie plusieurs recueils de poèmes, dont Romancero gitano, considéré comme son chef-d’œuvre.
Mais Lorca vit de plus en plus difficilement le fait de devoir cacher son homosexualité. Il tombe dans une phase dépressive vers la fin des années 20. Il s’est épris de Salvador Dali, une passion qui n’est pas réciproque. Lorsque Dali rencontre sa première épouse, Lorca s’effondre.
Sa famille, consciente de ses problèmes, se propose de lui faire faire un voyage aux États-Unis pour changer le mal de place. Il écrira alors le recueil de poèmes : Un poète à New York, son autre chef-d’œuvre.
À son retour en Espagne, il est nommé directeur d’un théâtre étudiant. Il se consacre alors à la création théâtrale et tourne à travers l’Espagne.
En 1936, la guerre civile éclate. Même si Lorca ne s’est jamais vraiment impliqué politiquement, il reste une personnalité connue, un artiste qui a déjà exprimé des idées antifascistes. Des rumeurs courent sur son homosexualité. On l’arrête chez le poète Luis Rosales. Il est fusillé le 19 août 1936 à 4h45 du matin.
Son assassinat aurait été ordonné par des généraux francistes.
Style
García Lorca utilise souvent des formes traditionnelles (comme la romance), qu’il retravaille et modernise.
Il utilise le symbole (lune, l’eau, les chevaux) pour informer le lecteur sur le sens du poème. Cependant, la signification de ces symboles change d’un poème à l’autre.
Il utilise aussi la métaphore, souvent pour ajouter un aspect spirituel et dramatique à ses écrits.
Son Oeuvre
Lorca a écrit des chansons, des pièces de théâtre et quelques essais. Il est cependant célèbre pour ses poèmes. Son Romancero gitan figure parmi les plus grandes œuvres de la littérature espagnole.
Voici une courte liste de ses œuvres les plus importantes.
- Romancero gitan – 1928
- Divan du Tamarit – 1936
- Poète à New York – 1940
- Chant funèbre pour Ignacio Sánchez Mejías – 1945
Son poème le plus connu
Romancero gitan, qui explore la culture des gitans de l’Andalousie, est sans contredit son recueil de poèmes le plus célèbre. Il regroupe 18 poèmes écrits dans le style de la romance, un style populaire en Europe au 18e siècle, proche de la chanson et de la tradition orale.
Lorca souhaite célébrer la culture tzigane. Les poèmes évoquent la sensualité de ce peuple, le caractère dramatique de la réalité des nomades et la violence de leurs rapports avec la société.
Romancero gitan est considéré comme une œuvre majeure de la littérature du 20e siècle.
Son poème le plus connu reste son Chant funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, hommage pour le célèbre matador du même nom, tué dans l’arène. Ce poème en quatre sections est considéré par plusieurs comme son plus grand poème.
Extraits
Saint Gabriel (Séville) | Romancero Gitan Ses souliers noirs de vernis brisent les dahlias de l'air au rythme double qui chante de brèves douleurs célestes. Sur les rives de la mer il n'est palme qui l'égale, ni empereur couronné, ni astre brillant en marche. Lorsqu'il incline la tête sur sa poitrine de jaspe, la nuit pour s'agenouiller devant lui cherche des plaines. Les guitares sonnent seules pour l'Archange Gabriel, ennemi juré des saules et dompteur de tourterelles. Saint Gabriel, l'enfant pleure dans le ventre de sa mère. N'oublie pas que ton costume les gitans te l'ont offert.
Le roi de Harlem | Le poète à New York Le roi de Harlem Avec une cuillère il arrachait les yeux des crocodiles et battait le derrière des singes. Avec une cuillère. Un feu de toujours dormait dans les silex et les scarabées ivres d'anisette oubliaient la mousse des villages. Ce vieillard couvert de champignons allait à l'endroit où pleuraient les noirs, tandis que crissait la cuillère du roi et qu'arrivaient les réservoirs d'eau pourrie.
Citations de Federico Garcia Lorca
« Rien n’est plus vivant qu’un souvenir. »
« On revient de sa jeunesse comme d’un pays étranger. Le poème, le livre est la relation du voyage. »
« Dans ce monde, moi je suis et serai toujours du côté des pauvres. Je serai toujours du côté de ceux qui n’ont rien et à qui on refuse jusqu’à la tranquillité de ce rien. »
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Recueils
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Crédit photo de couverture : Stephane Yaich sur Unsplash
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