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Il s’agit de l’un des romans les plus célèbres au monde et ironiquement, l’un des moins lus, à cause de sa longueur intimidante. Nous partons aujourd’hui à la recherche d’un des monstres sacrés de la littérature américaine, un classique avec un grand C! Voici mon avis sur Moby Dick, lecteurs et lectrices d’eaux douces, s’abstenir.
Titre | Moby Dick
Auteur | Herman Melville
Genre | Roman d’aventures
Pays | États-Unis
Année de parution | 1851
Nombre de pages | 798
💈 (TLPL) « Trop long, pas lu »
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Moby Dick : dompter la bête
Ça m’arrive de temps en temps. Il me vient une lassitude de la routine, que j’apprécie plutôt normalement. Une impression de ne pas frayer avec l’extraordinaire. De ne pas découvrir chaque jour de nouveaux paysages…
Généralement, je sens alors le besoin d’attaquer un roman costaud, un truc majeur ou épique. De faire une grosse prise!
J’ai donc décidé, il y a quelque temps, d’aller guérir mon petit vague à l’âme sur les flots agités de l’un des plus grands romans américains de tous les temps.
Total flop à sa sortie en 1851, la réputation de Moby Dick comme « grande œuvre » a commencé à s’étendre à partir de 1920.
On considère aujourd’hui le livre comme faisant partie du « Grand roman américain » sorte de badge d’honneur pour parler d’œuvres qui incarnent l’essence des États-Unis (et qu’on considère comme la crème de la crème).
Herman Melville n’est peut-être pas le premier nom qui vient en tête quand on pense aux plus grands auteurs américains de tous les temps, mais il a, avec cette œuvre phare sur une terrible baleine, marqué la littérature des USA.
Prendre la mer avec Melville demande du courage, de la ténacité. Voici mon expérience avec le roman d’aventures le plus singulier de l’histoire de la littérature.
Résumé
(Un résumé qui n’en dévoile pas trop!)
Ishmaël, un jeune marin, rejoint l’équipage du Pequod, un baleinier commandé par le capitaine Achab. L’objectif du voyage? Chasser la baleine pour récupérer son huile.
En prenant la mer, on découvre l’équipage et les complexités des relations à bord du Pequod. Ishmaël devient le narrateur de cette épopée maritime. Et disons qu’il est loin d’être avare de détails lorsqu’il s’agit de nous parler de la baleine et de la chasse à la baleine.
Il nous offre une classe de maître sur les cétacés, décrit avec passion leur taille, leur comportement, les différentes espèces. Il décrit les techniques de harponnage, les procédures pour extraire l’huile de la baleine…
(On va devenir un véritable expert ou experte de la vie sur un baleinier.)
Pendant ce temps, l’histoire, elle, prend une tournure de plus en plus sombre.
Voyez-vous, notre capitaine Achab est obsédé par une certaine baleine blanche géante et particulièrement agressive, Moby-Dick, qui lui a arraché une jambe par le passé.
Ishmaël va réaliser que la véritable mission du Pequod est de trouver Moby Dick et de la tuer.
Achab conduira l’équipage dans des eaux dangereuses et confrontera la bête. Et ça va brasser!
La quête d’Achab devient alors une métaphore de la lutte humaine contre les forces plus grandes que soi.
Analyse
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le roman dépasse le simple récit d’aventures.
Outre les informations sur la vie en mer et la chasse à la baleine, Moby Dick offre une réflexion sur les conséquences de l’obsession, sur la nature humaine et l’aspect terrible de nos existences.
Voilà pour le noyau de l’œuvre. Mais ça va encore plus loin que ça!
Comme le font plusieurs grandes œuvres, le roman évoque une foule de préoccupations sur nos vies personnelles, sur la vie en société, préoccupations encore pertinentes aujourd’hui.
La façon dont Melville aborde des thèmes universels est ce qui confère à l’œuvre son statut si mythique. C’est ce qui a inspiré tant d’artistes, d’écrivains, de cinéastes, dont William Faulkner, Stanley Kubrick, Led Zeppelin, Barack Obama et Bob Dylan… Chaque génération de lecteurs semble trouver de nouvelles interprétations!
On reçoit aujourd’hui l’œuvre de Melville comme une étrange vision du monde moderne : l’identité sexuelle, le bien-être des animaux, la santé mentale, le désir de vengeance et la crise climatique…
Thèmes
Le thème central du roman est le désir de vengeance du capitaine Achab pour Moby Dick. Mais on trouve aussi au fil des pages plusieurs sous-thèmes.
Thèmes secondaires de l’œuvre de Melville
- L’homme face à la nature
- La confrontation avec l’inconnu
- La religion et la race
- Le destin
- La folie
- La dualité entre le bien et le mal
- La quête existentielle, la recherche de sens dans la vie
Style
Le roman est narré à la première personne par le personnage principal, notre marin Ishmaël, mais la normalité du style s’arrête pas mal là.
Dans la préface d’une édition du roman, deux hommes de lettres, Bryant and Springer qualifie l’écriture de Moby Dick de « nautique, biblique, homérique, shakespearienne, miltonienne, cétologique, allitérative, fantaisiste, familière, archaïque et pleine d’allusions. »
Yep! Melville a un style complexe, travaillé, orné. Il n’a pas peur du point-virgule ni de la longue phrase.
C’est aussi une plume qui peut se faire grave, grandiose, qui, oui, a ses relents bibliques.
Il va écrire à l’impératif « Voyez l’homme s’avancer…» ou philosopher sur les actions du personnage avec des questions pour la forme « De par quelle magie répondaient-ils si spontanément à la colère du vieillard? ».
Dans ses descriptions, il utilise une prose poétique qui donne un caractère lyrique à certains passages.
Puis, sans crier gare on va passer aux chapitres didactiques, inspirés de son expérience comme matelot sur un baleinier, avec un style de livre de référence.
Les ruptures de ton constantes sont une facette importante de Moby Dick.
Finalement, Melville présente des portraits psychologiques des personnages très étoffés, une caractéristique qui a d’ailleurs marqué toute une génération d’écrivains après lui.
Extraits
Description d’une partie de l’équipage (Starbuck, Flask) et de la dynamique sur le navire mené par Achab.
❝Voici donc ce vieillard grisonnant et impie chassant, le blasphème à la bouche, une baleine de job, autour du monde ; qui plus est, à la tête d’un équipage composé en majeure partie de métis renégats, de naufragés et de cannibales ; équipage affaibli moralement aussi par l’impuissante vertu et la droiture de Starbuck, l’indifférence joviale et l’insouciance inaltérable de Starbuck, et la médiocrité totale de Flask. Un tel équipage, mené par de tels hommes, semblait être soigneusement trié et groupé par quelque infernal destin pour seconder Achab dans sa manie vengeresse. De par quelle magie répondaient-ils si spontanément à la colère du vieillard ? Par quel sortilège leurs âmes étaient-elles envoûtées, pour qu’à certains moments sa haine à lui semblait presque la leur, et cette Baleine, leur intolérable ennemi autant que le sien?❞
Réflexion poétique d’Ishmael durant une période de chasse.
❝Bien qu’environnées de consternation et de terreur, ces créatures mystérieuses vaquaient à leurs paisibles affaires, au centre tranquille du malheur ; s’y ébattant sereinement avec délices. Ainsi pour moi-même, au cœur de l’Atlantique tourmenté de mon être, il m’arrive de jubiler dans un calme muet tandis que les planètes néfastes gravitent sans fin autour de moi sans toucher la place profonde et intime où baigne l’étincelle de ma joie.❞
La grande bataille à son paroxysme, le tout accompagné d’un regard sur la vie et le destin des hommes.
❝Halé dans le canot de Stubb, Achab, les yeux injectés de sang, la saumure séchant dans ses rides, à bout de force, sentit son énergie l’abandonner ; céda au destin de son corps et, pour un temps, demeura comme évanoui au fond du canot comme quelqu’un qui vient d’être renversé par un troupeau d’éléphants. Du plus profond de lui montaient des plaintes sans nom, pareilles aux soupirs désolés que le vent arrache aux ravins des montagnes. Mais en raison même de son intensité, son inconscience fut de courte durée. Ainsi, parfois dans les grands cœurs, pendant l’espace d’un instant, la somme des petites souffrances éparses sur la vie des hommes plus faibles se condense et s’accumule en une seule grande douleur. Et bien qu’alors chaque souffrance soit légère en elle-même, si les dieux le décrétèrent ainsi, tout un siècle de douleur intense est éprouvé en un seul instant, car dans leur âme les natures nobles contiennent l’ensemble de toutes les âmes inférieures.❞
Critique
Si vous n’avez pas le goût de relever un défi de lecture, Moby Dick n’est probablement pas pour vous.
Il faut être prêt pour attaquer le roman. Oui, c’est un roman d’aventures, mais qui fait 798 pages. La première mention de la célèbre baleine n’arrive qu’à la page 234!
Notre cher Melville, on l’a dit, va faire de multiples digressions sur le fonctionnement d’un baleinier…il vous donnera même quelques bons cours de biologie sur les cétacés!
Tous ces chapitres peuvent décourager le lecteur.
La bonne nouvelle?
Les chapitres, titrés (La baleine comme aliment, Le dépeçage et l’huile) sont relativement courts : les sections didactiques peuvent être lues rapidement si notre intérêt vacille.
J’ai parfois trouvé certaines descriptions du travail sur le baleinier parfois difficiles à visualiser… Il y a tellement de détails!
J’ai trouvé ça long par bout, mais ça n’a pas gâché mon plaisir. C’est long, mais c’est gérable. On saute une page, on lit vite ici et là, et ce sans perdre le récit.
Ceux qui auront le courage de progresser dans l’œuvre comprendront pourquoi le roman fascine.
Il a une ampleur, une gravité. J’ai été happé par cette intensité, pour tous les liens que fait Melville avec l’arc de nos vies.
Et en prime, ça reste un roman d’aventures avec ses tempêtes et ses combats!
Le roman est bel et bien grandiose, dans tous les sens du terme.
(Évidemment, ceux qui auront le courage de traverser l’œuvre pourront ensuite la mettre en évidence dans leur bibliothèque et pouvoir affirmer que « oui, ils ont lu Moby Dick »
➤ Note et verdict
(TLPL) « Explique-moi Moby Dick comme si j’avais cinq ans »
C’est l’histoire d’un capitaine de navire très fâché qui veut tuer une grosse baleine très méchante qui lui a déjà fait très mal. Il va finir par la trouver dans la mer, mais avant ça tu vas apprendre plein plein de choses sur les baleines durant 350 pages.
Note d’appréciation perso : ★★★★☆
Note goodreads (+ de 28 000 votes) : ★★★1/2☆☆
Moby Dick apparaît sur la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps selon le Cercle norvégien du livre.
Vous aimerez si :
- Vous aimez les romans qui ont de la profondeur
- Êtes à l’aise avec le passé simple et avec une plume exigeante
- Avez une bonne expérience en lecteur
Vous n’aimerez pas si :
- N’aimez pas l’univers marin et les baleines
- Avez envie de quelque chose qui « se lit bien »
- N’aimez pas vraiment le roman d’aventure
Lire Moby Dick
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Édition de luxe illustrée
🇫🇷 La Fnac (FR)
Crédit photo de couverture : The New York Public Library. « Whalers heading towards a whale » The New York Public Library Digital Collections.
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