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Certains auteurs se bonifient avec l’âge. Ils ne cherchent plus à bousculer les codes ou à nous épater. La plume se fait plus humble. Ils vont à l’essentiel, en pleine possession de leurs moyens.
Nationalité | Irlandais
Langue d’écriture | Anglais
Naissance et décès | 1865–1939
On commence par | La rose et autres poèmes (Édition bilingue)
Notes de lecture
Il y a vraiment deux grandes périodes dans le travail de William Butler Yeats.
Il y a la phase « poèmes épiques » d’avant 1900.
Les poèmes de cette première période sont d’un ton lyrique, volontairement orné. On sent la volonté de créer de grandes fresques poétiques. Les références aux légendes irlandaises et à l’occultisme sont nombreuses. Les poèmes sont longs, les significations sont difficiles à saisir.
Nous avons galopé sur la glace de la mer : Je ne sais si ce fut des années ou des heures, Et Niam chantait d’infinis chants danéens ; Les perles en rosée de leur rire songeur Et leurs accents divins endormaient ma fatigue, …
J’imagine qu’on peut y trouver quelque chose si on a un intérêt marqué pour la mythologie irlandaise, les fées, les druides et tout le tra la la…
De mon côté, pour le dire simplement, je lis ces écrits un peu en diagonale. Ce n’est pas mon truc.
Mais à partir de 1900, son œuvre subit une transformation spectaculaire.
L’homme, qui dans sa vie privée, a tant voulu fonder une famille et faire l’expérience du mariage, semble vouloir exprimer que le rôle de l’auteur est de documenter son expérience, plutôt que d’utiliser son talent à faire de l’art ou pour faire de l’art.
Yeats arrive à mettre en parallèle la vie intime et la vie sociale en liant l’humanité sur ses points communs, propres au parcours du cœur. Des poèmes à la fois spécifiques et généraux, personnels et universels. Voyez ici dans ce poème, Politics, écrit en 1938. La guerre civile espagnole fait rage, on est à l’aube de la 2e guerre mondiale. Il met en relief son désir amoureux et ses préoccupations sociales.
Et peut-être que ce qu'ils disent est vrai De la guerre et des alarmes de la guerre, Mais O que j'étais jeune à nouveau Et je l'ai tenue dans mes bras.
Le poème a été mis en musique par le groupe britannique The Waterboys (les membres sont essentiellement écossais et Irlandais).
En découvrant Yeats par la fin, on rencontre un auteur au sommet de son art, un talent fin, limpide, léger.
Une poésie écrite pour les humains. Des poèmes touchants. Importants.
Biographie
Yeats est né à Dublin. Son père était avocat et portraitiste réputé, c’est lui qui lui a donné un goût pour les classiques et les grands auteurs. Il envisage de faire des études pour devenir peintre, mais devient correspondant littéraire pour deux journaux américains.
Ses vers sont publiés en 1887. C’est sa première période, influencée par les auteurs romantiques et par les légendes. Il rencontre une femme dont il tombe follement amoureux, Maud Gonne. Il la demandera quatre fois en mariage. Elle refusera à chaque fois. Elle sera mainte fois sublimée dans les écrits de Yeats, sorte de représentation de l’idéal féminin.
Les années 1909 à 1914 marquent un changement décisif dans sa poésie. L’aspect ornemental s’est dissipé, l’imagerie est plus résonnante. Yeats commence à se livrer dans ses écrits. En 1916, il a 51 ans, il est déterminé à se marier. Souhaite fonder une famille. Last-call. Il demande en mariage Georgie Hyde-Lees, âgée de 25 ans, artiste elle aussi. Ils expérimentent ensemble l’écriture automatique, auront deux enfants, vivront un mariage heureux.
Yeats, patriote irlandais convaincu, est nommé au Sénat irlandais en 1922. L’année suivante, il reçoit le prix Nobel de littérature. Il est conscient de la valeur symbolique du prix : l’Irlande vient tout juste d’obtenir son indépendance. Il dira à ce sujet : « Je considère que cet honneur me revient moins en tant qu’individu qu’en tant que représentant de la littérature irlandaise, cela fait partie de l’accueil que nous fait l’Europe. »
Yeats est l’un des rares écrivains dont les plus grandes œuvres ont été écrites après l’attribution du prix Nobel. Ses meilleurs recueils datent de cette époque.
Malgré une santé fragile, il jouira d’un second souffle grâce à des liaisons amoureuses avec des femmes plus jeunes. Il ne cessera d’écrire jusqu’à sa mort.
La poésie de Yeats et ses thèmes
Le style de Yeats, dans ses meilleurs écrits, tire sa force de son long apprentissage de la poésie, de ses années d’expérience avec les différentes formes littéraires et de l’acquisition progressive de sa sagesse personnelle.
Dans une époque où l’on vénère beaucoup la jeunesse et la jeunesse artistique, Yeats fait figure de maître et nous le démontre dans ces derniers recueils.
Parmi ses thèmes récurrents, on retrouve : le contraste entre l’art et la vie, l’aspect cyclique de la vie et le besoin de sacré face au brouhaha de la vie de tous les jours.
L’utilisation des symboles
Yeats utilisa des images et des structures symboliques tout au long de sa carrière. Il assemble les mots de manière pour qu’ils suggèrent des pensées abstraites qui peuvent sembler plus significatives et résonnantes.
Les symboles souvent utilisés par Yeats sont : la rose, les cygnes, la tour, la roue, le masque, la mer, l’arbre, le soleil, la lune, l’or, l’argent, la terre, l’eau, l’air et le feu.
Titre le plus connu
Son poème le plus célèbre est sans contredit He Wishes for the Cloths of Heaven ou Il voudrait avoir les voiles du ciel, dans sa traduction en français.
Un magnifique petit poème qui parle de ce qu’on voudrait offrir à l’être aimé, de ce qu’on peut offrir et de la fragilité de l’offrande. Le texte se termine avec cette phrase magnifique, souvent reprise :
« Marche doucement, car tu marches sur mes rêves ».
Extraits
Les blancs oiseaux Ah! Si nous étions, mon amour, de blancs oiseaux sur l'écume de la mer! Nous sommes las de la flamme du météore, qui va pâlir et disparaître ; Et la flamme de l'étoile bleue du crépuscule si basse à la frange du ciel A fait naître en nos cœurs, mon amour, une tristesse qui peut durer toujours.
Au fond du crépuscule Cœur épuisé, en un monde épuisé, Défais-toi des filets du mal et du bien ; Ris de nouveau, mon cœur, dans le gris crépuscule, Soupire encore, mon cœur, dans la rosée du matin. Eire ta mère est toujours jeune, La rosée brille toujours, le crépuscule est toujours gris ; Bien que l'espoir te quitte et que s'étiole l'amour Consumé dans les flammes de la calomnie.
Les cygnes sauvages de Coole Les arbres sont dans leur gloire d'automne, Les chemins de la forêt sont secs, Sous la lumière du crépuscule d'Octobre L'eau reflète le calme du ciel ; Sur l'eau rase du lac, parmi les pierres, Il y a cinquante-neuf cygnes. J'ai reçu l'assaut de dix-neuf automnes Depuis le jour où je les comptai pour la première fois ; Mais bien avant d'avoir fini, je les vis soudain D'un même vol monter au ciel Et, tournant dans la clameur de leurs ailes, Se disperser en larges cercles éclatés.
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Recueils
La rose et autres poèmes
🇫🇷 La Fnac (FR)
La résurrection
🇫🇷 La Fnac (FR)
Crédit photo de couverture : Jesse Gardner sur Unsplash
karin Spirckel dit
Bonjour,
Merci très intéressant pour découvrir la littérature irlandaise, qui est le pays à l’honneur cette année pour les littératures européennes de Cognac qui recherche un auteur contemporain de ce pays afin de se faire connaitre lors du festival du 14 au 19 novembre 2024.