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Le court roman qui valut à Ernest Hemingway un prix Nobel est une œuvre gigantesque : une véritable classe de maître sur l’écriture et un récit universel sur le dépassement.
Le vieil homme et la mer est une de ces romans qui dit vaguement quelque chose à presque tout le monde. . On considère le dernier roman d’Hemingway comme étant l’un des grands livres à lire dans sa vie.
L’oeuvre est souvent étudié dans les écoles à cause de sa qualité littéraire et de son accessibilité.
Pour ceux et celles qui arrivent ici parce qu’ils ont un travail scolaire à faire sur le roman (je suis désolé), travail à remettre demain (il est 22h15) et qui n’ont pas encore lu le livre (vous auriez dû), vous pouvez peut-être tenter le coup en consultant la fiche de lecture et l’analyse plus bas…
Pour les autres, amateurs et amatrices de grandes œuvres, voici mon expérience avec l’ultime roman d’Hemingway, probablement LE plus grand écrivain américian de l’histoire de la littérature.
💈 (TLPL) « Trop long, pas lu »
- Sauter le bla bla et se rendre directement au verdict final
- Lire le roman
Fiche de lecture
Titre | Le vieil homme et la mer
Auteur | Ernest Hemingway
Genre | Fiction (court récit)
Pays | États-Unis
Année de parution | 1952
Nombre de pages | 154
Court résumé | En mer, un vieux pêcheur de 85 ans s’engage dans une bataille incroyable pour attraper et ramener un marlin géant.
Lieu | Les eaux du Gulf Stream, au nord de Cuba.
Personnages principaux | Santiago, un vieux pêcheur. Manolin, un jeune garçon et ami du vieux. (Il est là surtout au début. Ne dites pas qu’il est dans la chaloupe, vous allez couler)
Personnages secondaires | Un gigantesque marlin, des requins. Fait à noter, la première traduction française du Vieil homme et la Mer parle d’un espadon, liberté de traduction pour le moins étrange.
Héritage | Prix Pulitzer en 1953, prix Nobel en 1954. Il s’agit du roman le plus célèbre d’Hemingway, largement considéré comme l’un des plus grands livres américains de tous les temps.
Le vieil homme et la mer : le combat d’une vie
J’ai vécu une petite expérience intéressante il y a quelques semaines qui me rappelait qu’il n’y a rien de mieux qu’un peu d’acide lactique pour entamer une bonne discussion avec soi-même.
Donc, on part pour une fin de semaine de camping rustique en nature, tout ce qu’il y a de plus normal.
La veille du départ, on réalise que le terrain n’est pas accessible en voiture. Il y a 1,5 km de sentier à faire à pied. On en jase un peu en préparant le matériel…
Pour moi, il est clair qu’on ne va quand même pas manger de la nourriture déshydratée pour se délester de quelques livres. Ce sera lourd, faut ce qu’il faut, n’en faisons pas tout un plat!
J’ai peut-être fait 250 mètres avec la glacière, j’ai compris à quel point j’étais dans le trouble.
À 500 mètres, j’étais en bris musculaire.
Je suis alors entré dans un long monologue intérieur.
D’un côté, une voix me jurait ne plus être capable, me suppliait d’arrêter. De l’autre, on me demandait de ne pas céder à ces enfantillages, on me proposait des alternatives : « Fais un décompte en partant de 20. Ok… un autre! Un autre! »
Un combat de plusieurs rondes entre ces deux protagonistes se jouait en moi.
Une fois arrivé sur la grève, exténué, j’ai réalisé que je m’étais un peu ennuyé de ces affrontements.
À juste dose, la souffrance physique est un allié formidable pour nous obliger à entrer en contact avec le meilleur de nous-mêmes.
Le vieil homme et la mer est l’une des plus belles œuvres jamais écrites sur le dépassement.
Et contrairement à ma petite anecdote estivale, le personnage du roman Santiago est peut-être face au moment le plus important de sa vie. Dans la victoire ou la défaite, c’est peut-être sa dernière chance de prouver, seul en mer, sa vraie nature.
Résumé
(Un résumé qui n’en dévoile pas trop!)
L’action se déroule à Cuba, quelque part au large de La Havane. Santiago vit sur la côte. Bien que le village ne soit pas nommé dans le roman, il serait inspiré par Cojímar, ancien village de pêche situé près de La Havane.
Chaque matin, à l’aube, le vieux Santiago prend le large avec sa vieille barque et sa voile rapiécée. S’il a de la chance, il attrapera une prise qu’il pourra vendre au marché pour faire quelques sous, acheter un peu de nourriture.
Mais voilà, de la chance, il n’en a plus. Cela fait 84 jours qu’il n’a rien pris. On dit de lui qu’il est un salao, la pire forme de malchance.
Santiago avait l’habitude de pêcher avec un gamin qu’il avait formé, Manolin, mais les parents de celui-ci lui interdisent maintenant de monter à bord du bateau du vieil homme. Manolin reste dévoué à Santiago, le rejoint à sa cabane chaque soir, transporte son matériel, lui amène de la nourriture.
Il tente de garder le pauvre homme en vie.
Le matin de son 85e anniversaire, comme tous les matins, Santiago part en mer.
Il décide de s’aventurer plus au large, dans les eaux profondes du détroit de Floride. Là, sa malchance prendra peut-être fin. Le gamin lui a donné deux appâts. Il est confiant. Il doit rester confiant, que peut-il faire d’autre?
À midi, ce jour-là, quelque chose mord à l’hameçon!
Il s’agit d’un gigantesque marlin, des poissons énormes qu’on retrouve dans les mers tropicales (leur taille peut atteindre 4,5 m et leur poids peut faire jusqu’à 700 kg).
Il ne sera pas capable de remonter sa prise. Le poisson est trop gros. Il ne voudra pas attacher la ligne au bateau, de peur qu’un mouvement soudain du poisson ne casse la ligne. Il tiendra donc la ligne avec sa force brute.
Pendant une première journée, puis une première nuit…
C’est le début d’un combat impitoyable au milieu de l’océan. Un homme face à la douleur physique, la chaleur, la fatigue…
Un homme face à lui-même.
Thèmes et analyse
À cause de la structure du roman et des idées avancées par Santiago dans ses soliloques, plusieurs lecteurs considèrent le roman comme une allégorie sur l’expérience humaine.
Pour l’auteur, cependant, son roman n’était pas une fable. Tout ça l’énervait au plus haut point. Il écrivait à ce sujet, au critique Bernard Berenson :
« Il n’y a pas de symbolisme. La mer est la mer. Le vieil homme est un vieil homme… Les requins sont tous des requins, ni meilleurs ni pires. Tout le symbolisme dont les gens parlent, c’est de la merde. »
Bon d’accord. Le roman n’est qu’une histoire, on comprend.
Il n’y pas de morale au sens propre du terme dans Le vieil homme et la mer, mais une toute petite phrase résume peut-être la grande idée portée par le personnage de Santiago.
« Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu. »
Santiago nous démontre que peu importe les circonstances extérieures, les échecs réels, les échecs projetés ou imaginés, l’homme a toujours la possibilité d’utiliser sa force intérieure pour se tirer d’affaire.
Et c’est ce que Hemingway a fait lorsqu’il a écrit son roman. Il n’avait pas écrit d’œuvres littéraires importantes depuis plus de dix ans, on commençait à mettre en doute ses capacités d’auteur…
Il a alors écrit le meilleur livre de sa vie, qui aborde plusieurs thèmes importants dans son œuvre.
L’accomplissement personnel
La lutte héroïque de notre vieil homme dépeint le combat que chaque homme et femme doit mener pour donner un sens à sa vie. Pour la réussir.
Santiago est pêcheur. C’est son métier. Il comprend rapidement que toutes les connaissances qu’il a acquises dans sa vie mènent à cette journée, qu’il n’y aura jamais un plus gros poisson au bout de sa ligne. Il sait que ses chances de gagner sont infimes, qu’il risque la mort en étant traîné au large par le poisson.
Il accepte cette réalité, entre en symbiose avec elle. Il aurait pu couper la corde dès le début de l’aventure, mais il ne l’a pas fait.
Parce qu’il était fait pour rencontrer ce poisson.
La résilience
Santiago passe à travers tous les maux physiques possibles. Le combat est un véritable marathon.
J’ai déjà parlé de la douleur et de la fatigue, mais la résilience de Santiago passe aussi par son ingéniosité.
Le vieil homme n’a pratiquement rien avec lui. Mais il utilise ce qu’il a, fait du mieux qu’il peut. Il pallie à la pauvreté de ses ressources (matérielles et physiques) par son expérience, son intelligence.
La maturité
Le vieil homme voit les choses comme elles sont.
Il apprécie ses petites victoires, mais ne se réjouit pas inutilement. Il ne sombre pas pour autant dans le désespoir. Il ne cherche pas à s’encourager, mais ne cède pas à la peur.
Il utilise son esprit simplement pour se préparer à agir. On découvre toute la grandeur de Santiago à la capacité qu’il a de contrôler ses pensées pour qu’elles l’aident au lieu de lui nuire.
Le respect et l’amour propre
Santiago tente de tout son cœur de tuer le poisson, mais il a aussi un grand respect pour l’animal. Il lui arrive de l’encourager ou de le célébrer.
Il a le même respect envers lui-même. Dans tout son monologue, il ne se rabaisse jamais. Il semble même avoir de la bienveillance pour ce vieux corps meurtri qui se bat contre la nature.
Style
Le vieil homme et la mer est un court récit de fiction, rédigé dans le style direct et journalistique qui a fait la renommée d’Hemingway.
Le petit livre est un véritable manuel d’écriture qui présente les 4 règles de base de l’auteur :
- Utilisez des phrases courtes
- Utilisez des paragraphes courts
- Utilisez un vocabulaire vigoureux
- Soyez positifs, pas négatifs.
Hemingway parvient à écrire une histoire captivante, mais accessible à tous. Un enfant de 10 ans pourrait lire le roman sans problème.
Le génie de l’auteur tient à sa capacité à communiquer simplement un récit qui ne manque vraiment pas de profondeur. Il nous démontre toute la puissance de la clarté.
Un exemple? Voyez la toute première phrase du roman :
« Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf Stream. »
L‘autre aspect qui me reste à l’esprit est le ton conversationnel. D’abord parce que Santiago se parle tout seul, mais aussi parce que Hemingway a choisi d’écrire avec toutes sortes d’élisions qui sont présentes lorsqu’on parle.
La plume est vibrante et semble près de nous.
Extraits
Un exemple des descriptions simples et efficaces :
❝ Le vieil homme était maigre et sec, avec des rides comme des coups de couteau sur la nuque. Les taches brunes de cet inoffensif cancer de la peau que cause la réverbération du soleil sur la mer des Tropiques marquaient ses joues ; elles couvraient presque entièrement les deux côtés de son visage ; ses mains portaient les entailles profondes que font les filins au bout desquels se débattent les lourds poissons. Mais aucune de ces entailles n’était récente : elles étaient vieilles comme les érosions d’un désert sans poissons. Tout en lui était vieux, sauf son regard, qui était gai et brave, et qui avait la couleur de la mer. ❞
Les discussions de Santiago avec lui-même et avec le poisson :
❝Allez-y mes mains, allez-y mes jambes, me lâchez pas ! Et ma tête! Me lâche pas non plus, ma tête ! T’as toujours tenu bon. C’est cette fois-ci que je l’amène. Amorçant son mouvement bien avant que le poisson ne fût revenu près de la barque, il banda toutes ses forces et tira furieusement, mais le poisson réussit à s’écarter, puis, se redressant, s’éloigna de nouveau, lentement.
— Poisson, dit le vieux, poisson faut que tu meures. De toute façon, Tu veux que je meure aussi ?
(On n’arrivera à rien comme ça pensa-t-il. Sa bouche était trop sèche pour parler, mais il ne pouvait atteindre sa bouteille. « Cette fois, faut que je l’amène. Je tiendrai pas longtemps à ce train-là. Mais si, tu tiendras, se dit-il à lui-même. Tu tiendras jusqu’au bout. »❞
Critique
Bon, je ne peux pas être neutre, Ernest Hemingway est l’un de mes auteurs favoris.
Va savoir pourquoi j’ai attendu tout ce temps pour lire son chef-d’œuvre… D’ailleurs, celui ou celle qui voudrait découvrir Hemingway devrait commencer par Le vieil homme et la mer.
Pourquoi? Parce que le roman est court! Lire une œuvre en étant dans un seul et même état d’esprit, c’est profiter d’un voyage sans escales dans le monde de l’auteur.
Je place d’ailleurs Le vieil homme et la mer parmi les meilleurs courts romans de tous les temps.
On lit le roman parce qu’on veut découvrir le génie d’Hemingway. On le lit pour le plaisir de lire une histoire qui nous tient en haleine, qui se dévore. On le lit pour découvrir la force intérieure de ceux qui n’ont rien, mais qui avancent dignement.
Quand je suis allé à Cuba il y a quelques années, j’ai passé deux nuits dans la petite ville Boca Ciega.
En allant marcher sur la plage un matin, il y avait justement quelques pêcheurs qui prenaient la mer avec leurs vieilles barques et leurs voiles rapiécées.
En lisant le livre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à tous les Santiago du monde entier, ces grands hommes anonymes qui mènent leur vie, tentent de la gagner.
Ouais, comme disait Hemingway : « Le monde est un endroit magnifique pour lequel il vaut la peine de se battre. »
➤ Note et verdict
(TLPL)
« Explique-moi xyz comme si j’avais cinq ans »
C’est l’histoire d’un vieux vieux pêcheur qui pêche le plus gros poisson du monde. Le poisson est très difficile à pêcher, mais l’histoire est racontée avec des mots faciles.
Note d’appréciation perso : ★★★★★
Note goodreads (+ de 900 000 votes) : ★★★★ 1/2
Le vieil homme et la mer apparaît sur la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps selon le Cercle norvégien du livre.
Vous aimerez si :
- Vous recherchez une histoire captivante qui se lit en quelques heures
- Vous aimez les plumes directes et minimalistes
- Vous aimez les récits d’exploits, d’aventures et de dépassement
Vous n’aimerez pas si :
- Vous recherchez un roman avec plusieurs lieux ou chapitres forts différents
- Vous détestez la pêche, la mer et les poissons
Lire Le vieil homme et la mer
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Avant de se quitter…
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Crédit photo de couverture : Jonny Kennaugh sur Unsplash
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